À la croisée de l’agriculture et de la biotechnologie, la sélection végétale est une discipline en perpétuelle évolution. Alors que l’humanité fait face à des défis agricoles de plus en plus complexes, la recherche scientifique met tout en œuvre pour développer de nouvelles variétés de plantes capables de résister au stress climatique, grâce à l’utilisation novatrice de techniques de génie génétique. Cependant, il semblerait que la sélection conventionnelle, pilier de notre agriculture, maintienne toujours une longueur d’avance.
Le génie génétique à l’épreuve du changement climatique
Le changement climatique est une réalité indéniable qui impacte fortement nos modes de vie, dont notre alimentation. Et ce, notamment via la génétique. Les organismes génétiquement modifiés (OGM), par exemple, sont créés en laboratoire par la modification génétique des plantes. Le but? Les rendre plus résilientes face aux défis du stress environnemental, comme la sécheresse.
La transgénèse, procédé technique de pointe du génie génétique, permet d’introduire des gènes d’une espèce à une autre afin de transmettre des traits spécifiques. Ainsi, les plantes génétiquement modifiées peuvent posséder une tolérance à la sécheresse grâce à l’introduction de gènes de résistance à ce stress. Pourtant, malgré l’apport indéniable de la transgénèse, la sélection conventionnelle parvient toujours à surpasser cette technique en termes d’efficacité.
La sélection conventionnelle : une technique inégalable
Loin des laboratoires de recherche, la sélection conventionnelle fait appel à la patience et à l’observation méticuleuse des agriculteurs. Cette technique ancestrale consiste à choisir, parmi des variétés de plantes, celles qui présentent les meilleurs traits pour les reproduire. Ainsi, les générations successives de plantes se voient dotées de caractéristiques toujours plus adaptées à leur environnement.
Dans le contexte du changement climatique, la sélection de variétés résistantes à la sécheresse est devenue une priorité. Le blé, la pomme de terre ou encore le maïs, autant de plantes qui font l’objet d’une sélection minutieuse pour leur capacité à résister au stress hydrique. Face à cette technique, les produits de la transgénèse peinent à faire le poids.
L’évaluation des risques : un frein à l’essor des OGM
L’Union européenne a mis en place une réglementation stricte concernant la mise sur le marché des OGM. L’évaluation des risques liés à l’utilisation de ces produits est un point crucial. Ainsi, le Conseil d’État, la Commission européenne et d’autres instances sont impliquées dans ce processus d’évaluation.
Ce cadre réglementaire rigoureux, combiné à des questions de propriété intellectuelle, rend le processus de développement et de commercialisation des plantes génétiquement modifiées complexe et coûteux. C’est sans compter sur le rapport de l’opinion publique envers les OGM, souvent empreint de réticence voire de méfiance. Ces facteurs contribuent à limiter l’expansion des variétés issues de la transgénèse, laissant le champ libre à la sélection conventionnelle.
Vers une complémentarité des techniques génétiques ?
Malgré les obstacles, la recherche en génie génétique ne cesse de progresser, ouvrant la voie à de nouvelles techniques prometteuses. Par exemple, l’édition du génome, qui permet de modifier précisément des gènes sans avoir à recourir à la transgénèse, laisse entrevoir de nouvelles perspectives en matière de sélection végétale.
Peut-être que demain, au lieu de s’opposer, sélection conventionnelle et génie génétique s’associeront pour une agriculture durable et résiliente. Quoi qu’il en soit, le défi majeur réside dans l’acceptation de ces nouvelles techniques par la société.
En France, comme dans le reste du monde, la nécessité de développer des variétés de plantes résistantes au changement climatique est une urgence. Si le génie génétique apporte des solutions innovantes, il doit encore surmonter de nombreux défis, tant d’ordre réglementaire que sociétal. En attendant, la sélection conventionnelle, héritage de notre histoire agricole, continue d’être un outil puissant et efficace. L’enjeu réside dans notre capacité à trouver un équilibre entre ces deux approches, pour assurer la durabilité de notre agriculture face aux défis du XXIe siècle.