En 2013, une alliance s’est formée entre le gouvernement britannique, la Commission européenne et la multinationale Monsanto, leader mondial des semences génétiquement modifiées. Cette union a suscité de nombreux débats, à la fois politiques et sociaux. L’histoire, cependant, est loin d’être simple ou unilatérale. Dans cet article, nous allons explorer les détails de cette alliance, l’impact qu’elle a eu et continue d’avoir sur la politique de l’Union européenne, ainsi que sur les droits des agriculteurs et les défis environnementaux.
La Génèse de l’alliance : Enjeux économiques et politiques
En 2013, le paysage politique mondial était en pleine mutation. La loi sur les semences génétiquement modifiées était au cœur des débats dans de nombreux pays, et la Commission européenne, sous la présidence de Mme Jose Manuel Barroso, était en pleine réflexion sur la politique à adopter en matière d’OGM.
Le projet de loi présenté à l’Assemblée nationale britannique visait à autoriser l’importation de soja et de coton génétiquement modifiés par Monsanto. Le géant américain, qui venait de fusionner avec Bayer, une autre multinationale spécialisée dans les produits phytosanitaires, avait investi des milliards de dollars dans le développement de ces semences. L’alliance avec le gouvernement britannique et la Commission européenne représentait une opportunité en or pour Monsanto de pénétrer le marché européen avec ses produits.
L’Union européenne, de son côté, voyait en cette alliance un moyen de stimuler le développement économique en ces temps de crise, avec l’espoir que l’introduction de ces semences génétiquement modifiées pourrait stimuler l’agriculture et l’économie de ses pays partenaires.
L’impact sur les agriculteurs et l’environnement
Cependant, cette alliance a suscité de vives réactions, notamment de la part des agriculteurs et des organisations de solidarité internationale. En effet, l’introduction de semences génétiquement modifiées représente un risque environnemental non négligeable. Sans compter que les agriculteurs se retrouvent souvent prisonniers des contrats imposés par Monsanto, qui les obligent à acheter chaque année de nouvelles semences, sous peine de poursuites judiciaires. Ainsi, l’histoire de Percy Schmeiser, un agriculteur canadien poursuivi par Monsanto pour avoir replanté des semences de colza génétiquement modifiées Roundup Ready, est restée dans toutes les mémoires.
De plus, les OGM ont également des effets sur la biodiversité et la santé humaine. Les implications pour le développement durable et la protection de l’environnement sont ainsi importantes, et ont été soulignées par de nombreuses organisations de défense de l’environnement.
Réactions et contestations : le rôle du Conseil d’État et du Parlement européen
Face à l’opposition grandissante, le Conseil d’État a été saisi par plusieurs organisations. Après une longue bataille juridique, le Conseil d’État a finalement annulé en 2015 l’autorisation de mise en culture du maïs génétiquement modifié MON810 de Monsanto en France, au nom du principe de précaution.
Au niveau du Parlement européen, la question de la transparence des négociations sur le TTIP, l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les États-Unis, a été soulevée. Les parlementaires ont exigé que les négociations soient menées de manière transparente et que le principe de précaution soit respecté en matière d’OGM.
Un pacte toujours d’actualité ?
Dix ans après la formation de cette alliance, le débat sur les semences génétiquement modifiées reste plus que jamais d’actualité. Alors que le vice-président de la Commission européenne a récemment annoncé un plan d’investissement de plusieurs milliards d’euros pour le développement de nouvelles technologies génétiques, les agriculteurs et les organisations de solidarité internationale restent sur leurs gardes.
L’alliance entre le gouvernement britannique, la Commission européenne et Monsanto a sans aucun doute marqué un tournant dans la politique européenne en matière d’OGM. Alors que l’Europe continue de lutter pour trouver un équilibre entre développement économique et protection de l’environnement, la question des semences génétiquement modifiées reste une question centrale. Débat sans fin ou futur compromis ? Seul l’avenir nous le dira.