- 1 Les semences, un enjeu capital pour notre agriculture et notre alimentation
- 2 L’industrie des semences, une menace pour la biodiversité
- 3 Des semences paysannes pour préserver la biodiversité et l’autonomie des agriculteurs
- 4 La maison des semences, une alternative concrète au monopole des multinationales
Les semences, un enjeu capital pour notre agriculture et notre alimentation
Nourrir le monde est un enjeu majeur du 21e siècle. Pour y parvenir, il est essentiel de se pencher sur les semences qui sont, en quelque sorte, la promesse d’une récolte future. Les semences sont plus que de simples graines, elles sont le fruit d’un travail patient et méticuleux de sélection et d’adaptation. Mais comment ces semences arrivent-elles jusqu’à nos champs ? Qui sont les acteurs qui œuvrent chaque jour à la production de ces petites merveilles de la nature ?
L’univers des semences est en réalité un monde complexe, marqué par une lutte entre deux visions diamétralement opposées : celle de l’industrie agroalimentaire, qui cherche à imposer ses semences hybrides et génétiquement modifiées, et celle des paysans et des associations comme Kokopelli, qui se battent pour la préservation de la biodiversité, la souveraineté alimentaire et le respect des droits des agriculteurs à utiliser et échanger leurs propres semences.
L’industrie des semences, une menace pour la biodiversité
L’industrie des semences a connu une croissance exponentielle au XXe siècle, avec le développement des semences hybrides et des organismes génétiquement modifiés (OGM). Ces innovations, présentées comme des solutions miracles pour augmenter les rendements agricoles et nourrir une population mondiale en plein essor, ont en réalité des conséquences désastreuses sur la biodiversité et sur les droits des agriculteurs.
Les semences hybrides et les OGM, qui ne sont pas reproductibles, obligent les agriculteurs à racheter chaque année leur semence à l’industrie, entraînant une dépendance économique inédite. De plus, l’agriculture industrielle qui découle de ces semences est largement dépendante des produits phytosanitaires, qui ont un impact négatif sur l’environnement et la santé publique.
Au-delà des questions économiques et environnementales, l’industrie des semences pose aussi un problème de biodiversité. En effet, l’industrie privilégie une poignée de variétés rentables, conduisant à une érosion génétique majeure. Aujourd’hui, 75% de la diversité génétique des plantes cultivées a disparu depuis le début du XXe siècle.
Des semences paysannes pour préserver la biodiversité et l’autonomie des agriculteurs
Face à cette situation, des paysans et des associations ont décidé de faire entendre une autre voix, celle de la préservation de la biodiversité et de l’autonomie des agriculteurs. L’association Kokopelli, par exemple, travaille à la sauvegarde des semences paysannes, des semences reproductibles, adaptées aux terroirs et aux conditions climatiques locales, et libres de droits de propriété.
Ces semences paysannes, qui ont façonné nos paysages et notre agriculture au fil des siècles, sont aujourd’hui menacées. Pourtant, elles sont une ressource précieuse pour notre avenir, car elles contiennent une diversité génétique qui permettra d’adapter l’agriculture aux défis du changement climatique.
Soutenir les semences paysannes, c’est aussi défendre une certaine idée de l’agriculture, plus respectueuse de l’environnement et des agriculteurs, plus proche des territoires et des consommateurs. C’est un enjeu de souveraineté alimentaire, de résilience face aux crises, mais aussi un enjeu de démocratie, car il s’agit de redonner aux paysans le droit de décider de ce qu’ils sèment dans leurs champs.
La maison des semences, une alternative concrète au monopole des multinationales
Récemment, des initiatives voient le jour pour replacer les semences au cœur de notre agriculture et de notre alimentation. C’est le cas des maisons des semences, des lieux dédiés à la production, à la conservation et à la distribution de semences paysannes. Gérées par des collectifs de paysans et de citoyens, ces maisons des semences sont des alternatives concrètes au monopole des multinationales sur les semences.
En France, où la commercialisation des semences non inscrites au catalogue officiel est interdite, ces maisons des semences sont un moyen pour les paysans et les jardiniers amateurs de contourner cette interdiction et de contribuer à la sauvegarde de la biodiversité cultivée.
En cultivant et en échangeant leurs propres semences, les paysans retrouvent leur autonomie et contribuent à la création d’un système agricole plus résilient, capable de répondre aux défis du XXIe siècle. Et nous, consommateurs, avons un rôle majeur à jouer. En choisissant des produits issus de semences paysannes, nous soutenons une agriculture durable et souveraine.
Aussi petites soient-elles, les semences sont le reflet de nos choix agricoles et alimentaires. En soutenant les semences paysannes, nous soutenons une agriculture plus respectueuse de l’environnement et des agriculteurs, et nous contribuons à la défense de notre patrimoine génétique. N’oublions pas que c’est dans ces petites graines que se cachent les grandes idées qui dessineront l’agriculture de demain. Alors, célébrons les graines qui nous nourrissent, et faisons le choix d’une alimentation saine, locale et respectueuse de la biodiversité.